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Photo du rédacteurStaff ASAPE

Première exploration depuis 1918 du "Level 100Ft."sous le site de La Boisselle.


Nous accédons et explorons pour la toute première fois le réseau de galeries de mines britanniques situées à 30mètres de profondeur sous le site de l'Ilot de la Boisselle (France, Somme)


Site emblématique de la bataille de la Somme et de son offensive britannique du 01 juillet 1916, le site de l’Îlot de La Boisselle s’étend sur une superficie d’environ 3 hectares. Il se situe à 600 mètres au sud du plus célèbre vestige résultant de la guerre de mines encore visible à ce jour : 𝗹𝗲 𝗟𝗼𝗰𝗵𝗻𝗮𝗴𝗮𝗿 𝗖𝗿𝗮𝘁𝗲𝗿.

Sur la parcelle du site de La Boisselle – préservée par les bénévoles de l’𝑨𝒔𝒔𝒐𝒄𝒊𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒆𝒔 𝑨𝒎𝒊𝒔 𝒅𝒆 𝒍’𝑰̂𝒍𝒐𝒕 𝒅𝒆 𝑳𝒂 𝑩𝒐𝒊𝒔𝒔𝒆𝒍𝒍𝒆 – il est encore possible d’apercevoir environ 11 entonnoirs de mines résultant d’une lutte acharnée entre, d’un côté, les sapeurs-mineurs français et tunneliers britanniques, de l’autre, les pionniers allemands entre 1915 et 1916. Sous ces cicatrices de surface chemine un vaste réseau souterrain se développant sur 4 niveaux de profondeur. Son étendue, sa configuration ainsi que son état de conservation font du site de « 𝑳𝒂 𝑩𝒐𝒊𝒔𝒔𝒆𝒍𝒍𝒆 / 𝑮𝒍𝒐𝒓𝒚 𝑯𝒐𝒍𝒆 » un lieu unique qui mérite toute l’attention des pouvoirs publics pour sa préservation.

Afin de schématiser l’étendue de cet immense réseau souterrain comportant 4 niveaux d’attaques distincts, voici une présentation de son échelonnement de la surface vers les profondeurs :


-Le premier niveau (𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟯𝟬 𝗙𝘁) consiste en un accès en pente douce prenant son départ dans une tranchée jusqu’à une profondeur de 9 mètres. Cet accès fut découvert en 2013 par une équipe d’archéologues britanniques, le Boisselle Study Group ; elle est nommée : « 𝘞 𝘐𝘯𝘤𝘭𝘪𝘯𝘦 » que l’on peut traduire par « pente W ».

-Le deuxième niveau (𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟱𝟬 𝗙𝘁) est encore à ce jour inexploré. Il serait situé à environ 15 mètres de profondeur mais nous ignorons son étendue ; pour comparaison, c’est également à cette profondeur que la galerie du Lochnagar est creusée, 600 mètres plus au sud. Il serait donc intéressant, d’un point de vue historique, d’explorer ce niveau à partir du site de l’Îlot de La Boisselle afin d’en apprendre davantage sur les conditions géologiques rencontrées par les tunneliers britanniques.

-Le troisième niveau (𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟴𝟬 𝗙𝘁) est accessible via un puits « 𝘚𝘤𝘩𝘢𝘧𝘵 𝘞 », ou « puits W », de 15 mètres de profondeur donnant accès à un développement souterrain situé à 24 mètres de profondeur. Ce vaste niveau s’articule autour d’une galerie principale appelée « 𝗠𝗮𝗶𝗻 𝗧𝗿𝗮𝗻𝘀𝘃𝗲𝗿𝘀𝗲 – 𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟴𝟬 » depuis laquelle une série de 12 galeries d’attaques prennent leur départ vers les lignes allemandes ; chacune de ces galeries est isolée de la galerie principale par un sas à deux portes. C’est de ce niveau que seront déclenchées les explosions de mines britanniques avec des charges comprises entre 2000 kg et 4000 kg d’ammonal. C’est également ces galeries qui souffriront le plus des explosions ennemies avec notamment le cas de la galerie C1-2 et ses 5 tunneliers ensevelis le 19 décembre 1915 ou bien encore la galerie C1-8 avec cette fois-ci 15 tunneliers ensevelis le 04 février 1916.

- Le quatrième niveau (𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟭𝟬𝟬 𝗙𝘁) est accessible via une série de puits profonds de 6 mètres partant du réseau situé à - 24 mètres pour atteindre 30 mètres de profondeur. Il est – d’après les plans britanniques – tout aussi vaste, voire plus, que le réseau du dessus, avec un cheminement total avoisinant au minimum les 800 mètres. Sa configuration est identique avec une galerie principale appelée « 𝗠𝗮𝗶𝗻 𝗧𝗿𝗮𝗻𝘀𝘃𝗲𝗿𝘀𝗲 – 𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟭𝟬𝟬 » depuis laquelle sont connectées 8 galeries d’attaques partant vers les lignes allemandes.



A ce jour, deux niveaux sont explorés partiellement : Le premier, celui situé à - 9 mètres, et le troisième situé à - 24 mètres, ce dernier offrant toujours la possibilité de cheminer sur plus de 600 mètres de galeries intactes. Voir notre article du 07 avril dernier : https://www.asape1418.fr/.../la-boisselle-granathof-stellung

Le deuxième niveau (- 15 mètres) n’a toujours pas d’accès disponible. Certaines cartes font bien apparaitre des galeries à cette profondeur, mais ce système de galeries ne semble pas se connecter au reste du réseau de La Boisselle.

Quant au quatrième, situé à - 30 mètres, il était encore inondé récemment, le rendant de ce fait inexplorable sans danger. Toutefois, la courbe descendante du niveau de la nappe phréatique de ces dix dernières années laisse présager qu’en 2024 le niveau ne sera plus sous l’eau.

Tout comme le réseau à - 24 mètres, le réseau à - 30 mètres s’articule autour d’une galerie principale (main transverse) qui chemine parallèlement au front et depuis laquelle naissent – perpendiculairement – une série de 8 galeries d’attaques (galeries de mines) vers les lignes allemandes.

La décision de construire ce nouveau réseau souterrain à cette profondeur date du mois de novembre 1915, lorsqu’un nouvel ingénieur prend le commandement des tunneliers britanniques du secteur de La Boisselle. Le 20 novembre 1915, un rapport britannique du 179 𝘛𝘶𝘯𝘯𝘦𝘭𝘭𝘪𝘯𝘨 𝘊𝘰𝘮𝘱𝘢𝘯𝘺 𝘙𝘰𝘺𝘢𝘭 𝘌𝘯𝘨𝘪𝘯𝘦𝘦𝘳𝘴 indique que les tunneliers ont atteint la nappe phréatique. Il s’agit tout vraisemblablement d’un témoignage relatant la construction des puits partant du niveau - 24 mètres vers le niveau - 30 mètres, ce niveau pouvant être – à cette époque – très proche de la nappe phréatique.

Concrètement, rien aujourd’hui ne permet d’affirmer que les Britanniques sur le site de « 𝙇𝙖 𝘽𝙤𝙞𝙨𝙨𝙚𝙡𝙡𝙚 / 𝙂𝙡𝙤𝙧𝙮 𝙃𝙤𝙡𝙚 » se soient enfoncés au-delà de - 30 mètres. Nous n’avons d’ailleurs constaté aucun puits descendant plus bas que 30 mètres de profondeur et aucun plan officiel britannique ne mentionne un niveau inférieur au-dessous de ce niveau.


Les travaux du niveau - 30 mètres ont eu deux phases bien distinctes :

• 𝗟𝗮 𝗽𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗽𝗵𝗮𝘀𝗲 (𝘯𝘰𝘷𝘦𝘮𝘣𝘳𝘦 1915 - 𝘮𝘢𝘳𝘴 1916) consiste à élaborer depuis un secteur situé en arrière front une série de longues galeries rectilignes prenant la direction du front du secteur de La Boisselle. Etant éloignés de la première ligne et donc des observateurs allemands, les tunneliers avancent très rapidement dans ces galeries. Nous avons calculé que ces hommes avançaient à la vitesse moyenne de 2 mètres par jour ; la majorité de ces longues galeries mesurant pour la plupart 100 mètres sont donc achevées en un peu moins de deux mois. • 𝗟𝗮 𝘀𝗲𝗰𝗼𝗻𝗱𝗲 𝗽𝗵𝗮𝘀𝗲 (𝘮𝘢𝘳𝘴 1916 - 𝘮𝘢𝘪 1916) consiste à créer les galeries d’attaques sous le no man’s land ainsi que la galerie principale parallèle au front (Main transverse Level 100) ; ces ouvrages seront ensuite connectés aux travaux déjà réalisés à partir du 19 avril 1916. Notons, qu’en ce début d’année 1916, l’offensive de juillet (la bataille de la Somme) est déjà en préparation. Les célèbres galeries de mines « 𝗟𝗼𝗰𝗵𝗻𝗮𝗴𝗮𝗿 » et « 𝗬-𝗦𝗔𝗣 », ainsi que les 17 autres se situant sur le front de la future offensive, sont en cours d’exécution. Pourtant, sur le site de La Boisselle, en plus de ces travaux souterrains liés à la préparation de l’offensive, les tunneliers continuent de développer leurs systèmes de galeries de mines sur 4 niveaux !

Tout laisse donc à penser que ce niveau profond de - 30 mètres du site de La Boisselle a notamment servi aux services d’écoutes souterraines britanniques, voire peut-être à maintenir une pression sur les pionniers allemands en ce point bien précis. La finalité aurait été de masquer les travaux les plus importants du secteur : la construction d’« Y-SAP Gallery » et de « LOCHNAGAR Gallery ».



Le plan du réseau datant de 1916 fait également apparaître 5 puits partant du réseau - 24 mètres (Level 80 Ft) vers le niveau - 30 mètres (Level 100 Ft). Lors de l’exploration ASAPE, seuls deux de ces puits semblaient accessibles et non inondés : il s’agit des puits nommés 𝗪𝟭 et 𝗪𝟱 se trouvant en plein centre du réseau ; c’est par le puits 𝗪𝟭 que nous allons accéder au niveau - 30 mètres, encore à ce jour inexploré. Ce puits est situé dans une pièce mesurant 4m x 3m de coté sur 2m de hauteur. Le bois qui servait de coffrage pour des plateformes intermédiaires ainsi que le treuil sont tombés au fond du puits et ont obstrué l’accès au réseau inférieur.

L’objectif de l’ASAPE est donc – dans un premier temps – de descendre en toute sécurité les membres du STAFF ainsi qu’une quantité importante de matériels au niveau - 24 mètres, via le premier puits de - 15 mètres (𝗽𝘂𝗶𝘁𝘀 𝗪). Dans un deuxième temps, il faut acheminer une partie de cette logistique aux abords d’un nouveau puits profond cette fois-ci de 6 mètres (𝗽𝘂𝗶𝘁𝘀 𝗪𝟭) et qui donne accès au réseau inférieur à - 30 mètres.

La configuration de la pièce du puits 𝗪𝟭 et la fragilité de la craie ne nous permettent pas d’ancrer nos cordes de descente et de sécurité. Nous installons donc des étais en fer pour arrimer nos cordes et échelles de cordes afin d’assurer la descente du premier binôme d’exploration. La liaison radio étant interrompue entre ce niveau et la surface nous oblige à mobiliser des membres pour faire « le relais » entre la pièce du puits et une zone où les radios fonctionnent pour mobiliser une équipe de secours en cas d’urgence.

Une demi-journée sera donc nécessaire pour installer toute la logistique de l’ASAPE 14-18 à ces différents niveaux afin de débuter la descente en toute sécurité via le puits 𝗪𝟭 et accéder au niveau - 30 mètres.



𝗟’𝗲𝘅𝗽𝗹𝗼𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲́𝗯𝘂𝘁𝗲 : La structure du puits 𝗪𝟭 va en s’améliorant au fur et à mesure de notre descente. La strate rocheuse devient de plus en plus compacte à partir de 27 mètres de profondeur et les couches de silex noir, typique de cette région, sont clairement visibles ; c’est un signe rassurant quant à l’intégrité de l’ouvrage qui désormais se situe à 3 mètres à peine en dessous de nous. Les informations provenant de l’historique du 179 𝘛𝘶𝘯𝘯𝘦𝘭𝘭𝘪𝘯𝘨 𝘊𝘰𝘮𝘱𝘢𝘯𝘺 𝘙𝘰𝘺𝘢𝘭 𝘌𝘯𝘨𝘪𝘯𝘦𝘦𝘳𝘴 nous apprennent que ce puits 𝗪𝟭 est foré durant la première quinzaine du mois de mars 1916, simultanément avec d’autres (𝗪𝟱, 𝗔, 𝗕, 𝗦𝟵).

𝗟𝗲 𝘀𝗼𝗹 𝗱𝘂 𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗮𝘂 𝗽𝗿𝗼𝗳𝗼𝗻𝗱 𝗲𝘀𝘁 𝗮𝘁𝘁𝗲𝗶𝗻𝘁 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲𝗿 𝗯𝗶𝗻𝗼̂𝗺𝗲 𝗔𝗦𝗔𝗣𝗘 !

Les mesures de qualité de l’air n’indiquent pas de baisse de l’oxygène et aucun gaz n’est détecté par nos appareils. Immédiatement les pieds du premier binôme s’enfoncent dans une couche de boue d’une vingtaine de centimètres.

Les premières constations sont tout de même rassurantes : • Premièrement, le niveau - 30 mètres est directement accessible, sans travaux de dégagement ; seuls quelques vestiges de bois nous bloquent le passage. • Deuxièmement, le niveau est certes humide avec de la boue au sol mais il est praticable et semble en bon état sur les premiers mètres ; mais, plus loin, le niveau d’eau s’élève puis semble atteindre une hauteur de 2 mètres à son maximum. Cela sous-entend que le réseau à - 30 mètres est tout simplement sous l’eau, du sol au plafond, quand la nappe phréatique est à son maximum et corrobore les constatations réalisées en 2013 par l’équipe d’archéologues britanniques qui à cette époque n’avait déjà pas pu y accéder.

Par ailleurs, le puits donne accès à une petite galerie de liaison mesurant 4 mètres et débouchant dans la galerie de mine numérotée 𝗪𝟭-𝟮. Pour y accéder, il faut passer les vestiges d’un sas, comprenant deux portes anti-gaz maçonnées avec des briques ; elles sont identiques à celles présentes au niveau supérieur. Ces portes se situent directement en bas du puits et devaient servir à éviter la propagation des gaz délétères – 𝘤𝘦𝘴 𝘨𝘢𝘻 𝘪𝘴𝘴𝘶𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘦𝘹𝘱𝘭𝘰𝘴𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘶𝘵𝘦𝘳𝘳𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴 – dans tout le réseau y compris celui du niveau supérieur. Avec ce dispositif, le niveau - 30 mètres était hermétiquement indépendant du niveau - 24 mètres. Toutefois, l’eau et son ruissellement ont totalement ravagé les structures en bois de ces portes ; il ne reste que la maçonnerie et les supports en fer de nos jours.


En progressant vers la galerie de mine 𝗪𝟭-𝟮, la hauteur sous plafond s’élève mais le sol reste encore totalement boueux ; les tunneliers britanniques l’ont creusée en avançant simultanément par chaque extrémité avec deux équipes entre le 24 mars 1916 et le 31 mars 1916. L’extrémité nord/est prend la direction des lignes allemandes et se termine par une chambre d’écoute/d’explosion. Ce fut la zone de construction la plus délicate à réaliser, l’ennemi n’étant alors qu’à quelques mètres au-dessus du chantier britannique, ce qui obligea les tunneliers à travailler le plus discrètement possible ; ces derniers marchent sur des sacs en toile de jute posés sur le sol afin d’absorber les bruits de pas. Pas question ici d’utiliser des machines pneumatiques ou même du pétardage pour creuser la galerie ! L’avance est réalisée à l’aide d’un pic et d’une pioche, voire même à la baïonnette.

Ces 8 galeries d’attaques du réseau - 30 mètres sont le dernier maillon du réseau ; leur construction n’intervient que lorsque le réseau (puits, galeries de jonction, galeries de liaison vers l’arrière) est achevé, soit fin avril 1916 et au plus tard début mai 1916. A l’autre extrémité, la progression de la galerie 𝗪𝟭-𝟮 va s’arrêter au bout de 10 mètres et les tunneliers vont entamer durant la première semaine d’avril 1916 une galerie parallèle au front ; il s’agira de la « 𝗠𝗮𝗶𝗻 𝗧𝗿𝗮𝗻𝘀𝘃𝗲𝗿𝘀𝗲 – 𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟭𝟬𝟬 » ; c’est en quelque sorte la colonne vertébrale de ce système d’attaque. Ils rejoindront une autre équipe de tunneliers arrivant de l’autre côté le 07 avril 1916.

L’ASAPE a pu progresser sur une trentaine de mètres dans cette « 𝗠𝗮𝗶𝗻 𝗧𝗿𝗮𝗻𝘀𝘃𝗲𝗿𝘀𝗲 – 𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟭𝟬𝟬 ». Tout comme au niveau supérieur, les traces de rail en bois sont encore visibles au sol mais l’eau a lavé les parois et emporté la majeure partie du bois des traverses de rail. Passée 30 mètres de cheminement, l’équipe ASAPE se retrouve face à un mur de boue qui s’élève du sol au plafond rendant toute progression impossible.

A l’opposé, la suite de la« 𝗠𝗮𝗶𝗻 𝗧𝗿𝗮𝗻𝘀𝘃𝗲𝗿𝘀𝗲 – 𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟭𝟬𝟬 » n’est guère plus praticable : elle est bloquée à une distance de 30 mètres par de la boue compacte. Toutefois, elle ne monte pas jusqu’au plafond dans cette partie : il reste un espace d’une vingtaine de centimètres entre la boue et le plafond, ce qui nous a permis d’apercevoir la suite de la galerie avec notamment un « carrefour » donnant accès à un puits ascendant ; ce dernier mène directement à la surface. Cet ancien accès peut expliquer l’arrivée d’eau dans ce réseau profond et la présence résiduelle d’enrobage routier au sol à - 30 mètres. D’après nos relevés, ce puits se situe de nos jours à l’aplomb de la route départementale D20 qui traverse le village d’Ovillers-la-Boisselle.

Il est fort probable qu’il existe une liaison entre le réseau d’eau pluviale de cette commune et ce réseau souterrain militaire. Cette brèche doit sans doute se situer au niveau de la route départementale D20 où l’eau peut s’infiltrer au plus profond du réseau en grande partie par ce puits de 30 mètres ; c’est l’équivalent de la hauteur d’un immeuble de 10 étages !

L’unique sens de progression possible pour notre équipe dans ce réseau profond est désormais la galerie prenant la direction de l’arrière front (vers le sud-ouest), direction prise par la galerie nommée 𝗦5 (S pour surface, soit la sortie en surface n° 5). Elle chemine horizontalement – d’après les plans britanniques d’époque – sur au moins 120 mètres ; le cheminement maintient donc une profondeur avoisinant les - 30 mètres sur une assez grande distance. Elle devait ensuite rejoindre la surface par le biais d’une pente remontante sur les derniers mètres, ce qui a sûrement permis d’évacuer les déblais de construction et ensuite d’acheminer hommes et matériel.



L’accès et l’exploration menés par l’ASAPE 14-18 a permis de découvrir pour la première fois depuis la fin de la Grande Guerre presque 100 mètres de cette galerie 𝗦5. Le réseau vers l’arrière front est certes dégagé, mais les dégâts provoqués par l’écoulement de l’eau ne permettent plus d’observer les éventuelles traces rupestres laissées par les tunneliers britanniques. La progression se fera difficilement, le plus souvent à genoux tout le long de cette galerie. Les anciennes traverses de rail se trouvent sous nos genoux à notre passage, ce qui laisse supposer que la hauteur d’origine ne devait être que de quelques centimètres supplémentaires, soit 1 mètre 30.


Arrivés à l’extrémité de cette galerie 𝗦5, nous pouvons observer l’amorce de la pente douce qui remonte vers la surface. Elle est obstruée par un amoncèlement de boue mêlée de déchets bien contemporains ! Canettes, bouteilles plastiques, emballages alimentaires, etc., forment un bouchon dans la galerie – située pourtant à 30 mètres de profondeur – jusqu’à la surface.


Le lendemain, nous tenterons notre chance d’accès à la « 𝗠𝗮𝗶𝗻 𝗧𝗿𝗮𝗻𝘀𝘃𝗲𝗿𝘀𝗲 – 𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟭𝟬𝟬 » en contournant le mur de boue et nous déplaçant cette fois-ci aux abords du puits 𝗪𝟱, voisin du 𝗪𝟭. Malheureusement, le résultat est le même, la boue encombre totalement du sol au plafond cette Main Transverse ; aucun accès n’est possible et engager des travaux de déblaiement à ce niveau est impossible. Notre logistique technique et humaine, la configuration du site et surtout le danger d’une montée soudaine de l’eau empêchent de réunir toutes les conditions de sécurité nécessaires pour explorer totalement le réseau profond du site de La Boisselle.

Ce réseau vieux de 107 ans est intact, mais la nature a repris ses droits, notamment la nappe phréatique. La société contemporaine s’est chargée du reste, notamment en favorisant l’écoulement des eaux pluviales de la commune vers ces galeries centenaires. Ceci a eu pour conséquence de remplir certaines galeries de boues et de déchets les obstruant sûrement à tout jamais.


𝗟𝗲 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁 𝘀𝘂𝗿 « 𝗬-𝗦𝗔𝗣 » Parallèlement à l’exploration du réseau situé à - 30 mètres, une de nos équipes avait pour mission de trouver l’accès à la célèbre galerie « 𝗬-𝗦𝗔𝗣 » mesurant 300 mètres de long et prenant son départ à l’ouest du réseau à la profondeur de - 21 mètres. A son extrémité, une chambre dont la charge de 18.144 kg d’ammonal fut mise à feu à 07h28 le 01 juillet 1916 ; c’est l’une des 19 mines souterraines qui ont explosé au matin de l’offensive britannique. Sa mise à feu laissa un cratère impressionnant au nord du village de La Boisselle ; de nos jours, un lotissement a nivelé ce vestige de surface. Sa découverte et son exploration permettrait d’avoir accès à l’une de ces 19 galeries de mines britanniques. L’objectif est partiellement atteint par l’ASAPE avec la découverte de la galerie d’accès. Cependant, la grande majorité de notre logistique et de notre STAFF étant mobilisée pour sécuriser les accès aux puits 𝗪 et 𝗪𝟭, nous avons dû stopper la progression vers le départ de cette galerie « 𝗬-𝗦𝗔𝗣 ». L’exploration sera réalisée durant l’année 2024 en collaboration avec des spéléologues professionnels si les toutes les conditions sont réunies : logistique, sécurité et membres du STAFF en nombre suffisant.


𝗟𝗲 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲 « 𝗟𝗲𝘃𝗲𝗹 𝟱𝟬 𝗙𝘁 » L’accès à ce niveau reste un défi technique : il n’est accessible que par un puits ascendant depuis la profondeur de - 24 mètres, soit 9 mètres à remonter pour espérer pénétrer dans le réseau situé à - 15 mètres. D’autre part, nous n’avons trouvé aucun point d’ancrage pour installer notre matériel et nous ne connaissons pas l’intégralité de ce puits. Le projet est en cours et nous attendons une solution remplissant toutes les conditions de sécurité par nos membres spéléologues.



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