Notre rôle est aussi de proposer une aide dans la recherche d'un parcours militaire d'un aïeul combattant. A l’aide des archives départementales, du service historique de la défense ainsi que de nos modélisations informatiques du champ de bataille, nous pouvons retracer le parcours du soldat. Ce fut le cas pour notre ami Alexandre PETREAUX. Son arrière grand-cousin Édouard MARIT disparu quelque part sur le plateau entre les fermes de Quenneviéres et de Touvent le 16 juin 1915 lors d’un violent assaut.
Né à Cartignies dans le Nord, le 6 mai 1891, Édouard se prédispose à une carrière d’instituteur. Incorporé depuis le 10 novembre 1912 au 148 eme RI, il est caporal le 7 novembre 1913 et sera nommé sergent le 2 aout 1914. Il se distingue dès le 23 aout pour une action qui lui vaudra une première citation à l'ordre du régiment (n°120). Nommé adjudant le 31 octobre de cette même année, il arrivera dans notre région avec le grade d'adjudant-chef (obtenu le 31 mai 1915, quelques jours après ses 29 ans).
Il arrive en renfort avec son régiment à Attichy le 6 juin 1915 pour participer à l'offensive de la bataille dite de Quennevières. De là, on entend déjà les bruits des canons et le 16 juin 1915...
Voici des extraits du JMO du 148 ième Régiment d’Infanterie relatant cette journée du 16 Juin 1915 :
« A 2h10, des officiers et des guides sont dirigés sur les points où se trouvent les bataillons qui doivent être conduits, car personne ne connait le secteur à occuper » « Le régiment devrait être placé avant 3h et l’attaque devrait avoir lieu à 6h10… » (Finalement l’attaque aura lieu à 15h00) « Au cours de la matinée, les chefs de bataillons avaient rendu compte qu’en avant de leur front se trouvaient des défenses accessoires laissée intactes après la préparation d’artillerie. » (De ce fait, plusieurs compagnies supplémentaires sont misent en ligne pour l’attaque) « A l’heure fixée, les cinq compagnies d’attaque franchissent le parapet, elles avancent d’une cinquantaine de mètres et sont arrêtées par des feux de mitrailleuses et de mousqueteries qui partent de tout le front à attaquer. Les 5 ème et 6 ème compagnies en avant ont tous leurs officiers tués ou blessés (sept). Néanmoins certaines fractions atteignent le réseau de fil de fer et un certain nombre d’hommes se jettent dans la tranchée allemande. » (Tranchée du Mein) « Les pertes (15 officiers, 669 sous-officiers et soldats) sont dues à une insuffisance de préparation d’artillerie car, au moment de l’assaut, toute la ligne ennemie a été garnie de défenseurs et les mitrailleuses sont entrées en action. Le sergent major Ricky de la 2 ème Compagnie a vu dans les tranchées ennemies que les allemands étaient sur deux rangs, le premier rang armé de fusils, le 2 ème rang armé de grenades les lançant par-dessus le 1er rang. » « Au cours du combat, 2 officiers tués, 9 blessés, 4 disparus. 5 sous-officiers tués, 27 blessés, 12 disparus. 69 soldats tués, 395 blessés, 161 disparus »
" L’Adjudant-Chef MARIT Édouard a entrainé sa section avec la plus belle ardeur à l'assaut de la position ennemie. A sauté le premier dans la tranchée allemande gravement blessé. Croix de guerre avec étoile de bronze". (citation à l'ordre du régiment n° 194)
Son corps repose toujours quelque part sur le plateau sanglant à la hauteur de la tranchée du Mein. Notons que le destin aura voulu que son cousin ainé lui aussi ancien combattant de 14/18, amputé d'un bras, revienne après la guerre pour devenir gardien du cimetière militaire allemand de Nampcel, à proximité de s cousin, à coup sûr pour veiller sur lui.
Paix à son âme et à tous ces disparus, si nombreux autour de lui sous cette plaine.
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